Les scribes de Dieu - Jean

Les scribes de Dieu - Jean 

Parizet Claude - 2009


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PDF Les scribes de Dieu

Jean

La Galilée est la partie de la Palestine la plus renommée pour la fertilité de son sol et la
variété de ses sites. Toutes les beautés de la nature sont réunies dans ce petit coin de terre dont la superficie représente environ la moitié d’un département français.

La Galilée a ses plateaux élevés, ses plaines, ses collines, ses montages, ses gorges sauvages, ses fraîches vallées, des sources sans nombre, un fleuve chargé d’histoire… Elle possède même une petite mer intérieure. (En fait il s’agit d’un grand lac, que les autochtones
n’hésitent pas à appeler, un peu pompeusement, « la Mer »)

A l’époque des Evangiles, l’historien Josèphe appelait la Galilée : « le grenier à blé ».
Des forêts de chênes et de pins couvraient les montagnes, les bois d’oliviers alternaient avec
de vastes prairies et des champs cultivés. La terre était fertile.
De nombreuses villas s’épanouissaient aux environs du lac, sous les palmiers et jusque sur les
collines, au milieu des figuiers, des oliviers et des vignes… qui donnaient un vin généreux et
apprécié.

Les grandes routes commerciales reliaient les principales villes du littoral : Ptolémaïs, Tyr,
Sidon, à Damas et à la Mésopotamie. Ces routes traversaient la Galilée et lui donnaient une
grande animation.

Aux temps évangéliques, la Galilée comportait une quinzaine de villes fortifiées, plus de deux
cents villages ou bourgades, et un grand nombre d’habitants.

Les Galiléens étaient des hommes forts et braves, épris de liberté… mais un peu turbulents
parfois. Leurs aïeux de Zébulon et de Nephtali, s’étaient magnifiquement distingués dans la
conquête du pays de Canaan au temps des juges (Juges 4.5). De vieux récits populaires
racontaient encore en termes lyriques, leurs exploits flamboyants.

Cependant, malgré ses souvenirs héroïques et son remarquable élan patriotique, la Galilée qui
n’avait ni docteur (religieux) ni école (rabbinique), n’obtint aucune considération en ses temps
où dominaient le légalisme et le formalisme religieux. Seuls les maîtres et les scribes de la
capitale avaient crédit !

Jérusalem et toute la Judée, vers le sud, dédaignaient les Galiléens qui leur semblaient
incultes, ignorants. Même leur accent « du nord » était tourné en dérision !

Pourtant ce petit peuple valait mieux que sa réputation. Le voisinage des Gentils (des non
Juifs) qui altéra vite la croyance et la race des Samaritains, n’avait pas entamé la solide
fidélité des Galiléens. La Galilée, malgré les nombreux païens qui l’habitaient, était restée
foncièrement juive.

Comme le montre la Bible, l’Eternel aime particulièrement et choisit en premier ceux que
l’orgueil humain méprise et repousse. Les petits, les humbles. « Heureux les pauvres » dit
l’Evangile.

C’est la Galilée et non la Judée qui aura la primeur de la Bonne Nouvelle, l’annonce du
Royaume de Dieu ! Ce sont les paysans et les pêcheurs de son lac, les douaniers de ses ports
et de ses routes, qui seront les premiers instruments de Dieu au service de l’Evangile !

Jean

C’est donc dans cette belle province de Galilée, que vint au monde Jean, l’auteur du
quatrième Evangile, de trois Epîtres et de l’étrange livre de l’Apocalypse.

Jean vient du grec Ioannès, transcription de l’hébreu Yoanan ou mieux yokanaan qui signifie
« L’Eternel fait grâce ».Encore un nom riche de signification et d’espérance et qui à l’époque,
était largement porté en terre d’Israël. Il exprimait une belle profession de foi.

Les parents de Jean vivaient sans doute dans l’un des petits villages qui bordaient le lac,
proche de Capernaüm, à moins que ce ne soit à Capernaüm. On sait que son père s’appelait
Zébédée et sa mère Salomé.

Zébédée dirigeait une entreprise de pêche. Peut-être possédait-il plusieurs barques et
quelques ouvriers avant que ses fils, Jacques et Jean, partagent son travail. Sans être riche, la
famille était à l’aise. Tout le monde n’était pas « patron pêcheur » !

L’Evangile note que Salomé avec quelques autres femmes, suivaient Jésus et ses disciples et
« les assistaient de leurs biens » (Marc 15.40 et Luc 8.3).

On ne sait rien de précis sur l’enfance de Jean, mais il est certain qu’il fut très tôt imprégné de
cette ambiance, de ces odeurs de barques, de filets, de poissons qui étaient le cœur de la vie
familiale.

Enfant, de nombreuses fois il a dû observer son père et ses compagnons jeter le filet d’un
geste large, formant un vaste cercle, ample et gracieux, le geste ancestral que font encore les
pêcheurs du lac. Jean dû voir frétiller dans les mailles, des poissons argentés du lac dont les
eaux sont très poissonneuses. Il dû entendre les chants traditionnels qui scandaient le
mouvement des rames lorsque les barques rentraient au port… tout une époque !

Sans doute a-t-il accompagné sa mère ou quelques servantes lorsqu’on portait au marché les
grands paniers de poissons frais. Et il est probable, que dès qu’il fut en âge de le faire, il
intégra la corporation des gens de la pêche.

C’était un travail rude, dangereux parfois. On pêchait beaucoup la nuit, et à certaines saisons,
des orages soudains agitaient avec violence les eaux profondes du grand lac. Les naufrages
n’étaient pas rares. En explorant le fond du lac, on a retrouvé bon nombre de carcasses de ces
barques englouties. On en a notamment remonté une en assez bon état de conservation.
Qui sait si cette barque retrouvée, exposée aujourd’hui dans un musée, n’est pas l’une de
celles sur lesquelles Jean est monté ? C’est en tout cas avec émotion que l’on évoque ce
détail.

Une éducation religieuse

Il est probable que dans son enfance, Jean reçut une éducation religieuse et qu’il fréquenta la
synagogue. Sans doute, un rabbi lui aura raconté l’histoire de son peuple, de ses relations avec le Dieu Eternel et Tout Puissant ; il lui aura fait réciter par cœur, en scandant les mots par des balancements du corps, les textes de la Thora (la Loi de Moïse), des Prophètes ou des
Psaumes.

C’est probablement à cette école que Jean aura fait ses premiers exercices de lecture.
On aime à penser que Jean à dû s’éveiller assez tôt à ce grand besoin intérieur de spiritualité,
à la réalité profonde de son être, disons à cette soif de Dieu, qui seule donne un sens à la vie et aux choses d’ici bas.

Un jour, un bruit parvint au village : Un prophète, un certain Jean, qu’on surnommait « le
Baptiste », s’adressait aux foules sur les bords du Jourdain. On venait de loin pour l’écouter.
Il invitait chacun à se tourner vers Dieu et à préparer dans son cœur la prochaine venue du
Messie. Une ère nouvelle commence disait le Baptiste. En signe de purification, de
régénération, et de préparation, chacun doit être « baptisé », c'est-à-dire immergé rituellement
dans l’eau du fleuve.

Jacques et Jean, les deux frères, délaissèrent alors la pêche, au moins pour un temps, pour
entendre cet homme du désert et voir les choses de plus près. A leurs yeux rien n’était plus
important.

Ils descendirent donc en Judée pour rencontrer l’homme qui parlait au nom de l’Eternel.

La soif de Dieu

Jacques et Jean furent certainement bouleversés en entendant le fougueux message du
Baptiste. Il annonçait la venue prochaine du Messie, l’envoyé de Dieu, le Sauveur, qui devait
libérer Israël et instaurer le Royaume de Dieu parmi les hommes. « Je ne suis pas moi-même
le Messie, disait-il, cependant il est déjà là, au milieu de vous. Vous ne le connaissez pas
encore, mais il vient après moi et je ne suis pas digne de délier les lacets de ses sandales »
(Jean 1.27).

Jacques et Jean venaient assidûment écouter le Prophète, « la voix qui crie dans le désert »,
comme il se définissait lui-même (Jean 1.23). Ils buvaient ses paroles.
Ils devinrent bientôt de ses disciples.

C’est alors que Jésus de Nazareth se présenta devant Jean Baptiste, pour être baptisé par Lui.

On ignore si les deux hommes s’étaient déjà rencontrés ? Ils étaient cousins. Marie, la mère de
Jésus avait pour sœur, Elisabeth, la mère de Jean le Baptiste. Mais l’une vivait en Galilée et
l’autre en Judée… et on ne voyageait guère en ce temps là.

Par humilité, Jean ne voulait pas baptiser Jésus. Il lui disait « C’est moi qui ait besoin d’être
baptisé par toi ». Mais Jésus le convainquit en lui disant : « Nous devons accomplir ce qui est
juste ». Alors Jean immergea Jésus dans les eaux du Jourdain.

La Bible nous dit qu’il y eut, à ce moment précis, une extraordinaire manifestation
surnaturelle, que les spécialistes appellent une « théophanie ». L’Eternel révélait que
désormais le « ciel était ouvert pour accueillir tous les hommes de bonne volonté » (Matthieu
3.13-17).

Il n’en fallait pas plus à Jacques et à son frères, pour s’attacher aux pas de Jésus (Jean 1.35-
39).

Ils le rencontrèrent personnellement. On aimerait savoir ce que Jésus leur a dit en tête à tête.
Pourtant, rien de cet entretien n’est venu jusqu’à nous. Ce qui est sûr, c’est que toute leur vie
allait être radicalement remise en question.

Jacques, Jean et quelques autres se connaissaient ; Parmi eux se trouvaient Pierre et André,
tous Galiléens et pêcheur sur le lac. Ensemble, ils quittèrent la Judée et remontèrent avec
Jésus dans leur belle région.

Peu après, ils assistèrent au miracle de Cana dont parle Jean (Jean 3.1-11) De nouveau les
cœurs et les consciences furent bouleversés. Mais selon la tradition unanime des trois
premiers Evangiles, les hommes reprirent, pour quelques temps au moins, leurs barques et
leurs filets… jusqu’à ce que Jésus les invite définitivement à devenir ses disciples ; ce qu’ils
acceptèrent sans hésiter. « Ils laissèrent tout et le suivirent » déclarent les Evangiles (Matthieu
4.8-11)

Alors commença vraiment la grande aventure.

Trois ans avec Jésus

C’est pendant les trois années qu’il a suivi Jésus que nous connaissons le mieux la vie de
Jean. Lui-même a consigné « ce qu’il a vue et entendu » dans son Evangile. Témoin
privilégié, il nous a laissé un récit à la fois historique et mystique, c'est-à-dire relatif à la vie
intérieure, d’une profondeur et d’une qualité que tout le monde s’accorde à reconnaître. Jean
ne s’est pas contenté de décrire les scènes. Il en dévoile l’esprit, la substance spirituelle. Jean
rédige lui aussi son Evangile en théologien et non en simple journaliste !

Pendant trois ans, Jean va donc vivre avec Jésus. Avec lui, il va parcourir les chemins de
Palestine, visiter villes et villages, écoutant ses enseignements et découvrant son
extraordinaire puissance miraculeuse. Le Rabbi guérissait de très nombreux malades, purifiait
les lépreux, rendait la vue aux aveugles, faisait marcher les paralytiques… et plusieurs fois, il
redonna la vie aux morts !

Jour après jour, Jean va s’éveiller à des réalités nouvelles, s’épanouir au contact de celui dont
ils parlera comme étant « la lumière du monde », comme celui qui illumine nos horizons, ou
encore comme la « source d’eau vive » qui étanche toutes nos soifs humaines. « Le dernier
jour de la fête, le jour le plus solennel, Jésus se tint devant la foule et lança à pleine voix :
– Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et que celui qui croit en moi boive. Et, comme le dit
l'Écriture, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur » (Jean 7.37-38).
Les Evangiles sont naturellement orientés vers Jésus. Les disciples n’y sont nommés que dans
leur relation avec le Rabbi. Cela est pourtant suffisant pour que se révèlent quelques traits
saillants de leur personnalité ou de leur expérience personnelle.

Il suffit de relire les Evangiles pour s’en convaincre.

Jean fut le seul disciple qui suivit Jésus jusqu’au bout, jusqu’au pied de la croix. Quelques
femmes étaient avec lui : Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques et de Joseph, et
Salomé la mère des fils de Zébédée c'est-à-dire la mère de jacques et de Jean (Matthieu
27.56).

On sait qu’à cet instant suprême Jésus s’adressa personnellement à Jean. Ce fut pour lui
confier Marie, sa propre mère. L’Evangile précise : « Dès ce moment, le disciple l’accueillit
dans sa maison » (Jean 19.27).

Lorsqu’il parle de lui, Jean ne se désigne jamais par son nom. Il emploie une expression assez
particulière : « Le disciple que Jésus aimait » ! On retrouve cela cinq fois dans son texte. On
s’est beaucoup interrogé sur le sens de cette expression. Faut-il penser que Jésus et Jean,
avaient une affinité qui n’existait pas avec les autres apôtres ? En fait, sans minimiser
l’attachement de Jésus pour chacun des autres, Jean exprimait seulement et simplement ce
qu’il vivait lui-même. II se sentait aimé de Jésus. C’était là tout son bonheur. Il ne pouvait pas
le taire ! Dieu nous aime. Il y a quelque chose de très fort dans cette affirmation. Chacun de
nous devrait se considérer comme « celui que Dieu aime, celui que Jésus aime ». Cette prise
de conscience de l’amour de Dieu pour nous peut bouleverser notre vie… comme elle a
bouleversé la vie de Jean.

Jean est considéré comme « l’apôtre de l’amour ». Pour en arriver là, il lui a certaine fallut
dompter sa nature fougueuse, impétueuse, intolérante, et sans doute violente. L’Evangile en
rend témoignage. Lorsque Jésus appela Jacques et Jean à le suivre, il leur donna le surnom de boanergès, ce qui veut dire « fils du tonnerre » (Marc 3.17) ! Ce surnom correspond sans
doute au tempérament naturel des deux hommes.

Fils du tonnerre

Plusieurs incidents rapportés dans les Evangiles confirment cela. Un jour Jean souhaite
repousser un hommes qui « chasse les démons au nom de Jésus », ce qui lui vaut cette
réplique du Rabbi : « Ne l’empêchez pas car qui n’est pas contre nous est avec nous » (Luc
9.49-50).

Un jour Jacques et Jean proposent de faire descendre « le feu du ciel » sur un village de
Samaritains qui avaient refusés de les recevoir (Luc 9.51-56).

Une autre fois, soit directement, soit par l’intermédiaire de leur mère, ils revendiquent les
places d’honneur auprès de Jésus lors de l’établissement du Royaume ! (Matthieu 20.20-28).
Jésus devra leur dire clairement que l’esprit qui les anime n’est pas celui qu’il veut instaurer
au milieu des hommes !

Mais parce que son amour sera plus fort que son orgueil, Jean saura dominer, dépasser sa
vieille nature. En lui s’épanouira l’homme nouveau, l’homme selon l’Esprit.

Après la résurrection de Jésus

Dès l’annonce de la résurrection de Jésus, on verra Jean avec Pierre courir vers le tombeau
qu’il trouvera… vide. Les linges dont on avait enveloppé le corps étaient sur place,
affaissés… comme si le corps de Jésus s’était évaporé ! Un éclair traversa l’esprit de Jean :
« Il crût » est-il écrit. Simple mot lourd de signification. Sa foi entrait dans une nouvelle
dimension.

Il reverra Jésus avec les autres disciples, lors de diverses apparitions du Rabbi en Judée ou en Galilée.

Après l’Ascension et le bouleversement de la Pentecôte à Jérusalem (Actes 2), on le retrouve
plusieurs fois en compagnie de Pierre avec lequel il semble associé pour conduire l’Eglise
naissante.

Il est à côté de Pierre lorsque celui-ci au nom de Jésus, guérit l’impotent de la belle porte
(Actes 3).

Avec lui, il est arrêté et conduit devant le Sanhédrin, le grand conseil d’Israël (Actes 4).

Avec Pierre encore, quelques temps plus tard, il se rend en Samarie pour constater et
apprécier l’œuvre d’évangélisation accomplie par Philippe (Actes 8.14).

Jean est toujours là lorsque treize ou quatorze ans après le départ de Jésus, l’Eglise de
Jérusalem délibère avec Paul et Barnabas sur les conditions spirituelles à imposer aux païens
qui acceptent l’Evangile (Actes 15) ;

Puis l’auteur des Actes va s’intéresser désormais, essentiellement à l’extension de l’Evangile
dans le monde et au ministère de Paul parmi les païens.

Lorsqu’il ramène ses lecteurs à Jérusalem, on n’y trouve plus ni Pierre ni Jean !

Ils se sont éloignés à cause de la persécution (Actes 12). C’est Jacques le frère du Seigneur,
et non le frère de Jean, qui conduit l’Eglise de Jérusalem.

Jacques, le frère de Jean fils de Zébédée, fut le premier apôtre martyr. Il fut mis à mort par
Hérode Agrippa vers l’an 44 (Actes 12.2).

Les traditions de l’Eglise primitive

Nous laisserons ici la Bible qui ne nous dit rien de plus sur l’apôtre Jean. Par contre,les textes
de l’Eglise des origines nous apportent encore quelques informations.

On sait par exemple, que Jean s’installa assez tôt dans la ville d’Ephèse en Asie Mineure.
Nous en avons déjà parlé. Après le départ de Paul, les florissantes Eglises de cette région se
trouvaient dépourvues de conducteur. Jean se serait donc fixé à Ephèse et il y aurait vécu
jusqu’aux environs de l’an 100, s’employant aussi longtemps qu’il en eût la force, à visiter les
contrées avoisinantes pour y établir des pasteurs et organiser les communautés.

Clément d’Alexandrie nous donne des détails que confirment Jérôme et Tertullien. C’est
pendant cette période de sa vie, que Jean, cédant aux instances de ses frères dans la foi, aurait rassemblé ses souvenirs et composé son Evangile, en partie pour compléter et parfois pour préciser le témoignage des synoptiques (Les trois premiers Evangiles), mais aussi pour porter un regard plus intérieur, plus mystique dans le bon sens du terme, sur les paroles et les
enseignements du Seigneur.

C’est également à cette époque qu’il aurait écrit ses lettres (Epîtres) dans lesquelles on sent
l’apôtre préoccupé et luttant contre une hérésie qui grandissait alors et qui détournait bien des
âmes de la vraie foi : le gnosticisme, un mélange de christianisme et de doctrines païennes
ésotériques. La gnose fut une grande séduction pour les croyants de ce temps là. On trouve
des résurgences gnostiques tout au long des siècles.

La gnose est encore vivace aujourd’hui, notamment dans les théories du New age. Elle diffuse
une doctrine syncrétiste, teintée d’ésotérisme et de christianisme où l’on trouve le meilleur et
le pire.

L’empereur Domitien déclara la guerre à l’Eglise. Jean fut arrêté et conduit à Rome pour y
être supplicié. Plongé dans de l’huile bouillante, il en serait ressorti sans le moindre mal, plus
fort et plus vigoureux, malgré son âge. C’est Tertullien qui raconte ce fait, mais beaucoup
aujourd’hui le tiennent pour légendaire.

Ce qui est sûr, c’est que Jean fut déporté dans l’île de Pathmos (ou Patmos) en mer Egée.
Dans ces lieux arides et sauvages, Dieu lui accorda une extraordinaire vision qui l’amena à
écrire l’Apocalypse ou Révélation dans une forme littéraire très particulière et sans équivalent
moderne. Brossant successivement de fantastiques tableaux dans lesquelles les images et les
symboles se multiplient, Jean proclame avec force la victoire finale, le triomphe du Christ sur
toutes les forces du mal, et la venue d’un monde nouveau. On a dit avec raison que
l’Apocalypse était le livre du Christ vainqueur. Le mal ne dominera pas toujours le monde. La
lumière et l’amour triompheront. Telle est la foi inébranlable des chrétiens à travers les
siècles.

Jean ne demeura pas deux ans en captivité. Domitien fut assassiné. L’empereur Nerva, son
successeur, libéra les exilés. Jean revint à Ephèse. Selon Eusèbe, il devait avoir environ 90
ans.

Il existait au temps d’Irénée, Evêque de Lyon vers l’an 175, des gens qui avaient entendu
Polycarpe, disciple de Jean, raconter qu’un jour, alors que Jean se trouvait dans un lieu public,
il y aperçu un certain Cérinthe, un hérétique qui faisait beaucoup de mal à l’Eglise contre
laquelle il luttait. Jean aurait dit alors à ses amis : « Ici se trouve un ennemi de la vérité,
sortons avant que la maison ne s’écroule ».

Les textes anciens racontent encore que Jean, âgé, possédait un petit colombier dans lequel
pour le plaisir, il élevait quelques pigeons. Quelqu’un un jour, lui fit remarquer que ce n’était
pas très spirituel et qu’il aurait été préférable pour lui de passer ce temps en méditation, en
étude ou en prière. Jean aurait alors répondu simplement : « Si tu as un arc pour tirer des
flèches, tu ne dois pas le laisser tendu en permanence, car il perdra vite sa souplesse et ne sera plus performant » !

Clément d’Alexandrie rapporte l’histoire touchante d’un jeune homme devenu chef de
brigands. L’apôtre alors nonagénaire alla le chercher jusque dans son repaire. Il lui parla du
Seigneur et gagna son cœur. Le jeune homme s’orienta alors vers une vie nouvelle au service
de Dieu.

Jérôme raconte à son tour que Jean vécu jusqu’à un âge très avancé. Ses jambes ne le
portaient plus. Ses disciples devaient le soutenir pour qu’il puisse se rendre aux Assemblées.
Il ne pouvait plus faire de long discours, et ne cessait de répéter : « Petits enfants, aimez vous
les uns les autres ». Lorsqu’on lui fit remarquer qu’il disait toujours la même chose, il
répondit : « Je n’ai rien d’autre à dire, c’est le commandement suprême, c’est tout ce que le
Seigneur vous demande ».

Selon Eusèbe, Jean mourut paisiblement à Ephèse la troisième année de l’empereur Trajan.
Selon Epiphane, il pouvait avoir 94 ans. D’autres pensent qu’il était plus âgé : 98 ou 99 ans.
Certains disent qu’il passa 100 ans…

Il fut enseveli près de la ville d’Ephèse et, toujours selon Eusèbe, plusieurs pères de l’Eglise
connaissaient alors le lieu exact de sa sépulture.

Les légendes

Il existe beaucoup de vieux écrits légendaires sur l’apôtre Jean.
L’antiquité n’avait pas, sur la propriété littéraire, les conceptions et la législation
contemporaine.

Pour être lu, un auteur obscur n’hésitait pas à attribuer ses propres œuvres à des gens célèbres.

Ces écrits, assez abondants, sont qualifiés d’apocryphes c'est-à-dire d’inauthentiques.
Un certain nombre de textes apocryphe plus ou moins tardifs, se réclament de Jean : Un livre
sur ses prétendus voyages, un sur ses actes, un livre sur Marie mère de Jésus, etc.

Evidemment aucun de ces écrits n’a été confirmé par l’Eglise. Ils ne figurent pas dans le
canon des écritures c'est-à-dire la liste officielle des livres reconnus et accepté par l’ensemble
des chrétiens et que l’on trouve dans nos Bibles actuelles.

Voici par exemple ce qu’on trouve dans un écrit apocryphe : « Quelques hérétiques auraient
un jour offert à Jean avec l’intention de l’assassiner, un breuvage empoisonné. L’ayant
découvert par révélation, l’apôtre s’en remis à la grâce de Dieu ; et miraculeusement, le
poison se dissipa sous la forme d’un petit serpent qui sortit de la coupe. Cela explique
pourquoi l’apôtre est souvent représenté tenant à la main une coupe de laquelle sort un
serpent » !

Nous ne citons ce texte que pour attester l’existence d’une certaine ambiance littéraire dans le
cadre des Eglises de ces époques.

Retour sur l’Evangile

Nous ne saurions terminer cette brève esquisse biographique sans évoquer, une fois encore,
l’œuvre magistrale de Jean. Son Evangile atteint les plus hauts sommets de la spiritualité. Ce
n’est pas en vain qu’on lui a attribué l’aigle comme symbole : l’oiseau majestueux qui plane
au dessus des cimes.

De tous les disciples, c’est Jean qui donne de Jésus l’image la plus affective, la plus intime.
Après avoir écouté longuement le Maître, Jean a longuement médité sur les trois
bouleversantes années de sa vie passées à ses côtés.

Ce n’est qu’environ 60 ans plus tard dans la chaude ambiance des vivantes et dynamiques
communautés chrétiennes d’Asie Mineure, qu’il écrivit.

Le rapprochement des cultures grecques et juives caractérisant alors cette partie du monde
explique sans doute la tonalité si profonde, si riche, si caractéristique de son Evangile.
Dans la vie intense de Jésus, dans ses paroles, dans ses actes dont il fut le témoin, Jean fait un choix (Jean 20.30). Avec des mots très simples, il va nous offrir une remarquable approche de la richesse insondable de la personne du Christ et de son enseignement. Sous sa plume, les mots de tous les jours, prennent un relief extraordinaire. L’eau, le pain, la lumière, la vie, la
fête, la liberté… tout devient le signe de la présence et de l’action de Dieu au milieu des
hommes. Jean veut nous faire partager sa foi. Il veut nous faire entrer à sa suite dans l’intimité
du Fils de Dieu. C’est la passion de sa vie. Tout son texte inspiré, vibrant du Souffle de
l’Esprit qui l’anime, veut susciter notre adhésion. Jésus le Christ est bien le visage de Dieu
parmi les hommes, la réponse de Dieu à tous nos besoins.

Pour amener ses lecteurs à une relation personnelle avec Jésus, Jean rapporte de nombreuses rencontres entre le Christ et des interlocuteurs d’origines diverses. Il entend ainsi montrer comment Jésus réalise l’espérance de tous les hommes : Les Juifs (3.1-20), les Samaritains (4.1-42), les Païens (12.20-25).

Il est à la fois le Messie d’Israël et le Sauveur du monde.

« Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il a la lumière de la vie » dira-t-il.
Plus que les trois autres évangélistes, Jean parle des relations profondes entre Jésus et Dieu
qu’il appelle « son Père » (5.43).

« Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père » (4.34) ; cette expression, sous cette
forme ou sous une autre, revient vingt quatre fois dans l’Evangile de Jean. C’est dire combien
l’évangéliste insiste sur la mission de Jésus.

Un vaste mouvement se dessine dans cet Evangile. Tout le récit s’articule autour de deux
passages clés : Le magistral prologue (1.1-18) qui dévoile la venue de la lumière divine au
milieu des hommes, et le second : la prière de Jésus, dite souvent « prière sacerdotale » parce que Jésus intercède comme un prêtre (Jean 17).Cette prière évoque le retour de « la lumière » auprès du Père une fois sa mission accomplie (Jésus est lui-même cette lumière). 

En un temps de l’histoire de l’humanité, Dieu a parlé aux hommes… par « son Fils ».

La grande nouvelle, c’est que désormais cette lumière éclaire tout homme de bonne volonté et
le conduit, s’il le veut, vers le Père.

« La lumière est venue dans le monde, et elle a donné aux hommes le pouvoir de devenir
enfants de Dieu » (Jean 1.12).

Voilà donc l’ultime testament du disciple que Jésus aimait : « Dieu à tant aimé le monde, qu’il
a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il possède la
vie éternelle » (Jean 3.16). « Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimé » (Jean 15.12).

Sa passion d’aimer et son combat pour la libération de l’homme, conduiront Jésus à la mort
sur la croix, le supplice des esclaves. Voilà le cœur de l’Evangile. Mais cette mort douloureuse, loin d’être un échec, débouche sur le jaillissement de la vie nouvelle qui s’exprime magnifiquement à travers l’évènement de la résurrection (Jean 20).

L’amour a vaincu la haine, la vie à vaincu la mort. Le message s’inscrit désormais en lettres de feu dans le cœur des hommes. La voie est ouverte : « Tout est accompli ».

« Ces choses ont été écrites pour que vous puissez croire que Jésus est le Christ, et qu’en
croyant vous trouviez la vie en son nom » (Jean 20.31)

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